Soutenance de thèse de Jean-Pierre LIOTARD-VOGT (CETOBaC), lundi 31 mars, 14h30, 54 boulevard Raspail, 75006 Paris, salle A07-37 :
“Anna Kéthly (1889-1976). Biographie politique d’une sociale-démocrate hongroise“.
Résumé :
Anna Kéthly (1889-1976) est une femme politique hongroise du XXe siècle, dont la vie publique s’étend de 1919 à 1976. À la fois syndicaliste, sociale-démocrate, féministe, elle combattit jusqu’à sa mort pour que son pays se trouve une “troisième voie” démocratique, qu’elle estimait être une alternative aux dictatures de droite ou de gauche. Parlementaire dès 1922, dirigeante du syndicat des employés, responsable du journal des femmes socialistes, elle sut se forger une destinée dans le cadre du régime autoritaire du Régent Horthy. Devenue, un temps, une personnalité majeure de la vie politique après 1945, son intransigeance morale la garda des compromissions avec le régime communiste, durant lequel elle connut la prison entre 1950 et 1954. Elle refit surface en 1956, le temps de refonder son parti avec les militants historiques. Devenue ministre in absentia du dernier gouvernement Nagy, elle ne put que s’en faire la gardienne de la mémoire et de la légitimité durant ses années d’exil à Bruxelles. La logique de Guerre froide la voit s’aligner sur les positions de la Confédération Internationale des Syndicats Libres, organisation internationale sous forte influence américaine qui mène un combat sans nuances contre les régimes communistes. La fin de sa vie sera marquée par une tension croissante entre une pragmatique du possible et le maintien d’idéaux socialistes, dont l’État d’Israël lui semblait l’incarnation. Décédée à une époque où la Hongrie communiste avait, en tant que “baraque la plus gaie du camp socialiste”, une bonne image auprès des observateurs internationaux, elle incarne une figure d’intransigeance anti-communiste face aux logiques de la Real Politik. Cette thèse vise à montrer que la disparition d’Anna Kéthly du récit historique hongrois, n’est pas le fait du hasard, mais une stratégie délibérée de la part du pouvoir, qui vise à effacer de la mémoire les figures démocratiques ayant existé entre la Première République Hongroise (1918) et la chute du communisme (1989).
Membres du jury :
Catherine HOREL, CETOBaC/CNRS (Directrice de thèse)
Jean-Numa DUCANGE, Université de Rouen
Gustáv KECSKÉS, Académie des sciences de Hongrie
Gábor SONKOLY, EHESS
Etienne BOISSERIE, INALCO